Isahit

Les projets numériques, et plus spécifiquement ceux d’intelligence artificielle, promettent d’automatiser de nombreux travaux grâce aux algorithmes et à l’apprentissage continu. Cependant, ces algorithmes doivent être nourris de données, collectées et traitées manuellement. Ces missions de collecte et de traitement sont divisées en micro-tâches standardisées, confiées à des plateformes de micro-travail.

Sur ces plateformes, des “ouvriers numériques” réalisent des tâches la plupart du temps simples et répétitives afin de nourrir les algorithmes d’intelligence artificielle (transcriptions courtes, séquençage d’images, recherche de mots clés, etc.). Ces travailleurs peuvent réaliser ces petits travaux partout dans le monde, il leur suffit d’une connexion à internet. Dans une étude qu’elle a réalisé en 2010, la Banque Mondiale voit dans ces plateformes de microtravail un potentiel de développement dans les économies émergentes et pour les personnes à faible ressources.

Près de 2 milliards de personnes vivent avec moins de 2$ par jour dans le monde. Parmi ces 2 milliards d’individus, 70% sont des femmes, touchées par les inégalités dans leur vie domestique et professionnelle. Cet écart est d’autant plus visible dans le monde digital, où elles sont très peu représentées parce qu’elles n’ont pas accès aux formations nécessaires.

Le rôle du numérique est indiscutable dans les économies en développement. Les plateformes de micro-travail constituent une opportunité de revenus flexible et ne nécessitant pas de prérequis pour le travailleur. Cependant, elles sont décriées aujourd’hui car le travail fourni est informel, précaire et les conditions de rémunération des travailleurs sont très modestes - quelques centimes par micro-tâches. Pourtant, les entreprises, quelle qu’elles soient, y ont de plus en plus recours, étant donnée la croissance exponentielle des projets digitaux et d’intelligence artificielle dans le monde aujourd’hui.