L'équipe Sowefund
Mis à jour le 15/08/2024
Les méthodes de valorisation que nous avons détaillée jusqu’à présent reposent sur des hypothèses strictes et de nombreuses conditions. On leur reproche souvent d’être très théoriques, et, finalement, de n’avoir qu’une application pratique très limitée, voire impossible étant donné l’écart énorme entre les marchés efficients théoriques et la réalité.
C’est pour cela que l’on peut également se servir d’autres méthodes de valorisation, notamment de méthodes reposant sur des observations empiriques, et non sur des fondations théoriques. La méthode la plus connue est celle dite des "comparables".
L’idée de cette méthode est d’essayer de comparer la valeur d’une entreprise donnée grâce à la valeur d’autres entreprises similaires. Cette "valeur" des entreprises similaires peut être obtenue de plusieurs manières : assez trivialement, on pourrait regarder le cours de ses actions et sa capitalisation boursière. Mais souvent, on préfère regarder le prix auquel ont eu lieu les fusions et acquisitions. En effet, elles incluent souvent une prime, qui est considérée comme révélant la véritable valeur d’une entreprise.
Il est important, pour que ces données soient fiables et justes, que les entreprises dont on récolte les données soient proches de l’entreprise que l’on veut valoriser : cela vaut à la fois pour le secteur, la zone géographique d’activité, mais également pour la stratégie, dans la mesure du possible. Par exemple, une entreprise diversifiée, une entreprise qui internalise la production, ou une entreprise qui externalise les opérations, n’auront pas une valeur très similaire ni "comparable".
Une fois que l’on a obtenu quelques-unes de ces données, on peut les comparer avec l’entreprise que l’on souhaite valoriser. Afin de répercuter la différence de taille entre ces entreprises, on compare des ratios, et non les prix directement.
Le PE ratio est le ratio du prix de l’action ("price") divisé par le résultat net par action ("earnings"). On peut également diviser la capitalisation boursière par le résultat net. Ce ratio est très utilisé parce qu’il est extrêmement simple à calculer, et qu’il est possible de le calculer pour quasiment toutes les entreprises. En fait, le seul cas où il n’est pas calculable se présente lorsque le résultat net est très faible, nul ou négatif. Historiquement, ce ratio s’est avéré un très bon indicateur afin d’identifier des bulles, c’est-à-dire des périodes durant lesquelles les prix augmentent sans justification du point de vue des fondamentaux économiques des entreprises. Le PE ratio n’est pas parfait, mais à l’image du PIB, il offre un certain point de vue facilement compréhensible et comparable sur les entreprises.
Essayons, à partir des P/E ratios, de donner une valeur à une entreprise, « Tomate », qui a un résultat net de 20 millions d’euros.
Nom de l'entreprise
PE Ratio
Aubergine
15
Haricot
32
Citrouille
12
Patate
18
Moyenne
20
Médiane
16,5
Nous avons donc les PE ratios de 4 entreprises, avec des noms de légumes. On remarque que la plupart sont entre 12 et 18, mais que l’un d’entre eux est très supérieur (35 pour Haricot). Nous avons donc plusieurs solutions pour réussir à déduire la valeur de l’entreprise que l’on veut valoriser ("Tomate"). Les deux solutions les plus simples sont de prendre soit la moyenne, si l’on considère que le ratio de Haricot, bien qu’élevé, n’est pas anormal. Ou bien on peut prendre la médiane, ce qui a pour avantage d’éliminer l’effet des valeurs extrêmes.
Il nous suffit à présent, pour obtenir la valeur de "Tomate", de multiplier le résultat net de l’entreprise par le ratio que l’on a obtenu.
PE = Price / Earnings
<=> Price = PE x Earnings
On obtient ainsi les valeurs suivantes :
Méthode retenue
Valeur de "Tomate"
Valeur par action
PE moyen
400 000 000 €
26,67 €
PE médian
330 000 000 €
22,00 €
On trouve donc deux valeurs, qui nous permettent de nous faire une idée relativement précise de la valeur de l’entreprise. Si l’on veut affiner, il est possible de faire la moyenne des deux valeurs obtenues, ce qui nous donnerait 24,33 €.
Cet autre ratio est plus "robuste" et souvent considéré comme plus fiable que le PE ratio. D’autant plus qu’il peut être calculé dans beaucoup plus de cas. La seule situation dans laquelle ce ratio n’est pas calculable est lorsque la marge de l’entreprise (EBITDA) est négative, ce qui est somme toute assez rare.
"EV" ou "Entreprise Value" est un calcul qui permet de trouver la valeur d’une entreprise. On la calcule comme suit : EV = Capitalisation boursière + Dettes – Disponibilités.
"EBITDA" ou "Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization" (Résultat avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) correspond à la marge opérationnelle d’une entreprise. C’est donc déjà un indicateur très important lorsque l’on considère la valeur d’une entreprise.
Essayons, à partir des ratios EV/EBITDA, de donner une valeur à une entreprise, "Tomate", qui a un EBITDA de 50 millions d’euros, 30 millions d’euros de dettes, et 5 millions d’euros de disponibilités.
Nom de l'entreprise
EV / EBITDA
Aubergine
6
Haricot
10
Citrouille
7
Patate
5
Moyenne
7
Médiane
6,5
A présent, nous devons multiplier l’EBITDA de "Tomate" par le ratio moyen ou médian afin d’obtenir l’EV de "Tomate". On retire ensuite la dette nette (Dette – Disponibilités) pour obtenir la capitalisation boursière, que l’on divise par le nombre d’actions pour obtenir le prix d’une action. On obtient ainsi :
Méthode retenue
EV de "Tomate"
Capitalisation
Valeur par action
EV/EBITDA moyen
350 000 000 €
325 000 000 €
21,67 €
EV/EBITDA médian
325 000 000 €
300 000 000 €
20,00 €
Cette fourchette de prix est assez resserrée, mais l’on peut tout de même essayer de faire une moyenne des deux prix, afin d’obtenir une valeur unique. On obtient alors 20,83 euros.