L'équipe Sowefund
Mis à jour le 15/08/2024
Valoriser une entreprise ne se limite pas à des calculs de ratios ou à des analyses chiffrées. Pour saisir pleinement sa valeur, il est crucial d'examiner des aspects fondamentaux tels que la stratégie, la gouvernance et la qualité du management. Ces éléments déterminants influencent profondément la perception de l'entreprise et son potentiel réel, bien au-delà des chiffres.
Il est extrêmement important, lorsque l’on veut valoriser une entreprise, de ne pas s’arrêter à appliquer des ratios et des formules, de ne pas travailler qu’avec des chiffres. Ce serait réduire la réalité à une suite rationnelle et prévisible de chiffres toujours identiques, ce qu’elle n’est pas.
Les méthodes de valorisation ci-dessus ne peuvent prétendre donner un prix finis pour une entreprise. Elles donnent une approximation, qui peut être très utile, et offrent des outils de comparaisons entre entreprises. Mais il est essentiel de se focaliser sur des aspects variés et d’une importance capitale, tels que la stratégie, la gouvernance d’entreprise ou encore la qualité du management de l’entreprise.
La stratégie d’une entreprise est un élément capital de sa valeur : une entreprise qui a une stratégie brillante va gagner en valeur, tandis qu’une entreprise qui se lance sur des marchés sans perspectives, ou a une stratégie commerciale défaillante va perdre de la valeur, combien même elle distribuerait plus de dividendes.
En outre, la stratégie est un élément très discriminant, permettant de distinguer facilement des entreprises, même lorsqu’elles opèrent dans le même secteur. Par exemple, Intel et AMD, qui produisent tout deux des processeurs pour ordinateurs (CPU), ont une stratégie et une organisation fondamentalement différente : alors qu’Intel contrôle toute la chaine de production, des semi-conducteurs au processeur final, AMD sous-traite la fabrication des semi-conducteurs à d’autres entreprises (Principalement GLOBALFOUNDRIES). Il serait fallacieux de ne pas tenir compte de cette différence fondamentale lors d’une valorisation de ces entreprises.
La gouvernance d’entreprise, c’est-à-dire l’ensemble des processus et systèmes qui sont destinés à encadrer la gestion et l’administration de l’entreprise, est également un élément important. Sans gouvernance d’entreprise fermement établie, il y a une forte incitation pour les managers de ne travailler que pour leur bénéfice personnel, et non pour le développement de l’entreprise et la maximisation de sa valeur.
Une mauvaise gouvernance d’entreprise empêche les investisseurs d’avoir une influence sur la gestion de l’entreprise. Cela est néfaste, car les actionnaires sont les propriétaires de l’entreprise, et les managers sont censés être les exécutants de la stratégie définie par les actionnaires ou le conseil d’administration. Il ne devrait donc pas y avoir d’opposition entre ces deux instances, mais une collaboration étroite.
En outre, une mauvaise gouvernance d’entreprise créée un contexte favorable pour les scandales financiers, l’audit interne étant de piètre qualité et la corruption plus aisée. Ainsi, le Japon, qui est connu pour sa très mauvaise gouvernance d’entreprise, est régulièrement le théâtre de scandales financiers : ceux d’Olympus (2011) et Toshiba (2015) sont les derniers en date, et ont eu un retentissement mondial.
La qualité du management est également très importante. En effet, une même entreprise peut avoir une valeur très différente selon qui est à sa tête : certains dirigeants sont capables d’augmenter significativement la valeur d’une entreprise, car leur vision stratégique est juste et réalisable, ou bien parce qu’ils sont d’excellents coordinateurs, parce qu’ils savent bien s’entourer, ou encore parce que leur compréhension de l’industrie dans laquelle ils se situent est excellente.
Les preuves de l’impact de la qualité du management sur la valeur d’une entreprise ne manquent pas : outre les rémunérations extrêmement élevées des dirigeants, on remarquera que les cours des actions des entreprises qui changent de dirigeant s’ajustent très souvent, à la hausse ou à la baisse, au changement. Ainsi, l’action Apple a gagné 15% dans la semaine suivant la mort de son PDG Steve Jobs.